Industrie de la finance islamique : quel état des lieux?

La finance islamique ne s’adresse pas uniquement au 1,7 milliard environ de musulmans au monde. Plusieurs pays occidentaux s’y intéressent aussi (France, Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, etc.). Dans cet article, Finance de Demain se propose de vous présenter un état des lieux de l’industrie de la finance islamique

La finance islamique présente des caractéristiques intéressantes en matière de transparence et de régulation bancaire. Sur ce point, le Royaume-Uni fait office de précurseur.

Si les actifs islamiques ne représentent pour l’instant que 5% de l’ensemble des actifs bancaires (BID, 2018), leurs perspectives de croissance sont substantielles du fait des mutations économiques et sociopolitiques que connaissent actuellement ces différents pays.

Ainsi, selon le DG de Center of Islamic Banking and Economics (2018), la finance islamique devrait peser plus 2 500 milliards de dollars à l’échelle mondiale à la fin 2019 contre 2 440 milliards de dollars en 2018.

Evolution de l’industrie de la finance islamique

La Malaisie fut l’un des pays pionniers en finance islamique et poursuivi jusqu’aujourd’hui ses avancements. Elle s’est dotée en 1983 de l’Islamic Banking Act 8, un cadre légal promouvant la finance islamique.

La même année, la Bank Islam Malaysia Berhad est créée. En 1994, sa Banque Nationale a instauré un marché interbancaire islamique, l’Islamique Interbank Money Market.

En 1991, l’Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions est créée à Alger, puis déplacée à Bahreïn. Cette institution joua un rôle fondamental dans le développement de la finance islamique en mettant en place des normes légales et comptables communes au secteur.

La figure ci-après présente les pays où la finance islamique est implantée dans le monde.

Si l’intérêt de la finance islamique n’est plus à démontrer, force est de constater que, d’autres pays européens comme la France ont pris du retard par rapport à leurs voisins. En effet, la Bourse de Luxembourg a été la première Bourse européenne présente sur le marché des sukuks en cotant des obligations islamiques dès 2002.

Avec 16 sukuks cotés et 37 fonds d’investissement conformes à la charia, le Luxembourg est le premier centre européen de la finance islamique.

De son côté, le Royaume-Uni est le premier pays européen à avoir accueilli une banque islamique de détail, l’Islamic Bank of Britain, créée en septembre 2004. Enfin, en 2004, l’Etat allemand de Saxe-Anhalt avait déjà émis des sukuks pour un montant de 149 millions de dollars.

Côté réglementaire, le droit français contient déjà de nombreuses dispositions permettant d’accommoder la finance islamique : prohibition de l’usure, encadrement du jeu, respect des bonnes mœurs.

En 2010, Christine Lagarde encore ministre de l’Économie, avait tenté de modifier le Code civil afin de permettre à un détenteur de sukuks, de se prévaloir d’un droit de propriété des actifs-supports.

Mais la modification législative avait été refusée. Depuis, les intentions pour adapter le droit français afin de le rendre compatible avec les préceptes de la finance islamique sont restées lettre morte.

Répartition des actifs financiers islamiques

En ceci qui concerne la répartition des actifs financiers islamiques dans le monde, les graphiques ci-après montrent que la région du Conseil de Coopération du Golfe (44,9%) reste leader dans la finance islamique suivie de la région MENA (34,4%) et que les actifs bancaire (71,7%) dominent sur les autres actifs.

De façon plus détaillée, on remarque les actifs bancaires islamiques sont plus concentrés dans les pays comme l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Malaisie. Le graphique ci-après présente avec plus de détails.

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